Rire de synthèse
Aujourd'hui, il fait gris. Le ciel pleurt un peu sur les toits et se mouche doucement dans les arbres. Et elles, adolescentes insouciantes, elles sourient.
Elles sourient parce qu'elles ont trop fumé. L'une est dans son délire Beaudelairien, elle rit. Encore ce petit rire mièvre et doux. Ce petit rire qui se colle à ses joues et ne part pas.
Le bruit du briquet. Les lèvre sur la cigarette. Et le rire, toujours. L'autre est à côté et la pousse du coude, pour déconner. Nouvel essai d'allumage de clope. Et le rire, le rire qui grince, qui crisse, qui s'accroche à la gorge, il ne s'arrête pas. Une machine folle qui s'envole et dégringole. La cigarette tombe, la tête avec, les cheveux lèche le sol. Le corps reste sur le banc. Et soudain, le rire s'étrangle, s'ébranle. Le corps tombe sur le bitume. Y a d'la boue sur sa joue, ses cheveux sont éparpillés et le ciel pleure un peu dans sa robe. L'autre s'est levée, elle crie.